Rompon – Association de l’Offrande Musicale.

Chers amis des concerts de Rompon,

Après le week-end de Pentecôte, où petits et grands ont pu apprécier la délicieuse histoire du Voyage de Plume, le petit ours polaire, et ses très belles illustrations, mises en musique par Guy BOVET, voici déjà notre troisième rendez-vous de la saison qui arrive tout bientôt.

Les deux concerts auront lieu le samedi 28 juin à 20h00, et le dimanche 29 juin, à 17h00.

Lors de ces 2 concerts, vous aurez le bonheur d’apprécier le grand talent et le toucher de Jovanka Marville, ainsi que de découvrir le répertoire baroque des « maîtres de Bach », sur un instrument merveilleux à la sonorité délicate et expressive : le Clavicorde.

Laissons Jovanka nous parler elle-même de son programme :

« En 1695, Johann Sebastian Bach n’avait point encore accompli sa dixième année quand son père Johann Ambrosius mourut : cette mort avait déjà été précédée de celle de sa mère. Orphelin et sans ressources, il fut obligé d’avoir recours à un frère plus âgé qui était organiste à Ohrdurf : c’est de lui qu’il reçut les premières leçons de clavicorde. Son goût et son talent pour la musique devaient être déjà très grands à cette époque, si nous en jugeons par ce fait qu’à peine en possession des morceaux que son frère lui donnait à étudier, il commençait à rechercher avec ardeur d’autres pièces plus difficiles. Les plus célèbres compositeurs de cette époque pour le clavier étaient Froberger, Fischer, Johann Caspar Kerl, Pachelbel, Buxtehude, Bruhns, Böhm, etc. Il avait observé que son frère possédait un cahier dans lequel se trouvaient de nombreuses pièces de ces compositeurs : il le pria instamment de le lui prêter, mais il essuya un constant refus. Cela ne fit qu’exciter son désir, si bien qu’à la fin il se mit à guetter l’occasion de le ravir en secret. Ce cahier était serré dans un placard dont la porte à claire-voie pouvait laisser passer les petites mains de l’enfant ; il les glissa donc à travers le treillis et, roulant le cahier sur lui-même, le tira hors. Mais il ne pouvait le copier que la nuit : une lumière lui était pour cela nécessaire, et il n’en possédait point ; il fut dès lors obligé d’y suppléer par la lumière de la pleine lune : c’est ainsi qu’il mit six mois entiers à terminer sa laborieuse tâche. Une fois achevée, il se préparait à jouir en secret d’un trésor dont l’acquisition lui avait tant coûté de peine, quand son frère le découvrit et le lui enleva sans pitié. Il ne put rentrer en possession de son manuscrit qu’à la mort de ce frère, qui survint peu après. »

Cette citation de Forkel, le premier biographe de Bach en 1802, nous éclaire non seulement sur la passion du jeune Jean-Sébastien pour la musique mais également sur le style de musique qui a bercé sa jeunesse. Ce programme présente quelques-uns de ces compositeurs que Bach admirait tant. Il en connut au moins deux personnellement : Böhm et Buxtehude. Vraisemblablement, il prit des leçons avec Böhm puisque ce dernier était organiste à Lüneburg en 1700, alors qu’il était choriste dans la même ville, mais ce fait n’est pas tout à fait avéré. En revanche, il est certain que Bach, à 20 ans, parcourut à pied plus de 400 kilomètres d’Arnstadt à Lübeck pour écouter Buxtehude et profiter de ses conseils. L’histoire nous dit qu’après quatre mois passés à Lübeck, il aurait même pu succéder à Buxtehude comme organiste s’il avait accepté d’épouser sa fille. Les autres compositeurs de ce programme ne furent pas des maîtres directs de Bach. Cependant, copier la musique d’autres musiciens était un moyen de s’imprégner de leur façon de composer, de pouvoir les imiter ou de s’en inspirer et d’acquérir ainsi une connaissance profonde des divers styles. Bach copia d’ailleurs de la musique toute sa vie et ses propres élèves diffusèrent ses œuvres de cette manière.

Le programme du concert sera donc joué au clavicorde, petit instrument à clavier à cordes frappées très commun et répandu dans toute l’Europe à l’époque baroque, particulièrement en Allemagne. Forkel prétend même que cet instrument aurait été le préféré de Bach pour ses possibilités d’expression. « Le clavicorde était l’instrument favori de J.S. Bach. Le clavecin, bien que susceptible d’une grande diversité d’expression, n’avait point à son gré assez d’âme, et le piano-forte était de son temps dans un état tellement embryonnaire qu’il ne pouvait guère s’en contenter. Il considérait par conséquent le clavicorde comme le meilleur instrument, soit pour étudier, soit pour faire de la musique dans l’intimité. Il aimait à lui confier ses pensées les plus belles, et ne croyait pas qu’il fût possible d’obtenir d’un clavecin une aussi grande variété dans la gradation des sons : car le clavicorde, quoique faible de son, est capable d'utiliser une palette de nuances extrêmement diverses. »
Le faible niveau sonore et les possibilités de nuances très subtiles du clavicorde illustrent parfaitement la citation figurant sur les programmes des concerts de Rompon :

« Laisse le silence te pénétrer
Ne parle pas.
Ecoute le silence, Il contient l’Infini.
Quel que soit le nom que tu puisses
donner à cet Infini, de Lui découle
la source d’eau vive qui irrigue
toutes les parcelles de ton âme.
Ne parle pas… Ecoute le silence… »

Un grand merci à Jovanka pour cette incitative présentation et bienvenue à tous aux concerts des 28 et 29 juin qui sauront nous ravir l’âme et les oreilles, et où toute l’équipe des bénévoles de l’Association de l’Offrande Musicale se réjouit de vous accueillir à la Chapelle du Vieux Rompon.

Michel Westphal, pour l’équipe de l’Offrande Musicale

2025-06-28-et-29-rompon-programme-detaille-jovanka-marville.pdf

"Laisse le silence te pénétrer. Ne parle pas. Ecoute le silence. Il contient l’Infini.
Quel que soit le nom que tu puisses donner à cet Infini,
de Lui découle la source d’eau vive qui irrigue
toutes les parcelles de ton âme.
Ne parle pas… Ecoute le silence…"