A la recherche d'un lieu où la musique serait offrande, deux amies de longue date: Raphaële Lépine disciple de Blanche Selva, puis assistante sociale des prisons, et Jeanne Bovet, professeur au Conservatoire de Berne, découvrirent, au cours de leurs errances, une petite chapelle cistercienne à l'abandon perchée sur la rocaille de la colline ardéchoise du Vieux Rompon. Coup de foudre: C'était l'endroit rêvé, solitaire, prêt à accueillir l'offrande en communion monastique avec le chant des moines du XIIème siècle. Bien communal, la chapelle leur fut vendue début 1965, avec ses dépendances en ruine. Tout était à refaire, autant la reconstruction des dépendances que le débroussaillage du terrain envahi par la jungle. Mais, enthousiastes, forces déjà bien entamées, Raphaële et Jeanne firent face sans recul à ce qui semblait impossible. Inutile d'en raconter les détails, les dix premières années de bravade se trouvent dans le livre écrit par Jeanne: "Chapelle notre amour". Fabuleuse aventure. Le premier concert fut donné le 26 septembre 1965 par Jeanne seule. Ils se multiplièrent au cours des ans, assuré par des musiciens de haut niveau sponta­nément acquis à cette expérience d'offrande, car il s'agissait ici du don en retour du talent reçu, dans une simplicité étran­gère à tout but lucratif. Les musiciens offrent leur talent sans contreparties autres que celles de l'hébergement et le remboursement du voyage, grâce à ce que les auditeurs déposent dans le "coucouron" après entrée gratuite au concert. Beaucoup refusent même le remboursement de leur voyage, c'est le don total dans la joie du ressenti dans ce lieu de paix et de fraternité.

Les vingt premières années, Raphaële et Jeanne furent seules à assurer les saisons musicales. Le poids en devenant trop lourd financièrement, elles décidèrent, avec le soutien du Docteur J. P. Pédard, collaborateur de la première heure, de fonder une association appelée "Offrande musicale" afin de pouvoir, grâce aux cotisations de ses membres, poursuivre à sa mesure l'organisation musicale et matérielle de ce que jusqu'alors elles étaient seules à assumer.

Avec une folle générosité, les musiciens s'offrent en si grand nombre qu'à chaque saison, il faut faire un tri difficile pour la variété des programmes. Ce choix est fait par une équipe musicale composée de huit musiciens responsables du haut niveau artistique des concerts: Jeanne, Marie Sirot, Olivier Faller, Michel Westphal , Catherine Pépin-Westphal , Claire Strohl, Guy Bovet, Pierre Goy. Cette équipe est doublée par celle de l'entretien des lieux et l'intendance assurée par une quinzaine de responsables sous la compétente autorité d'Agnès Châtelard.

Le bureau, lui, est formé de cinq dirigeants : président, vice-président, secrétaire, trésorière, responsable du groupe des musiciens, groupe ayant plusieurs fois varié au gré des possibilités de chacun.

Ce qui fait l'aura de Rompon, c'est l'esprit dans lequel viennent jouer les musiciens, c'est le silence exigé durant les concerts encadrés par deux pièces de Bach qui situent tout de suite écoute et présence sur un plan de paix. Et c'est cela qui fait la valeur et l'émotion inhabituelle des concerts de la chapelle du Vieux Rompon : communion si fortement ressentie entre "offrants" et "recevants". Tout se passe sur un autre étage: "Ce que j'ai, je te le donne".

Cette extraordinaire atmosphère s'exprime en plénitude dans le livre: "La Symphonie des Bienheureux", choeur vibrant qui englobe tout le ressenti sous forme de chants et témoignages.

"Laisse le silence te pénétrer. Ne parle pas. Ecoute le silence. Il contient l’Infini.
Quel que soit le nom que tu puisses donner à cet Infini,
de Lui découle la source d’eau vive qui irrigue
toutes les parcelles de ton âme.
Ne parle pas… Ecoute le silence…"